6 novembre 2006
Le Drame
Ils attendent bien en rang. Ils attendent depuis 5 minutes mais c'est déjà trop.
On peut les croire organisés, mais ils s'entassent en un ordre contrefait, précipités contre un marquage au sol, répété tous les quatre mètres. Autour de ce marquage ils se pressent, et dans une même direction leurs yeux sont tournés.
Ils consultent leurs montres, ils sont nerveux. Ils font confiance au marquage pour perdre le moins de temps possible.
Enfin, des lumières au bout du tunnel, le métro arrive. Ils se marchent presque dessus, soucieux qu'ils sont de pénétrer les premiers à l'endroit supposés où la porte s'ouvrira.
Les marques sont là, les marques ne mentent pas. Elles les rassurent. C'est à peine s'ils peuvent respirer. Puis un crissement de frein, les lumières du métro s'éteignent et il s'arrête en urgence. Quelqu'un a du toucher un signal d'alarme. Mais ils n'en ont cure.
Les portes s'ouvrent, mais damnation, la rame ne s'est pas arrêtée devant les marques, la faute à l'arrêt brutal. Mus comme par réflexe, ils avancent quand même, mais seule la paroi est face à eux. C'est le drame, ils ne comprennent pas. Ils tournent en rond, se marchent dessus, se cognent les uns aux autres.
Leur esprit superformaté va avoir besoin de presque 30 secondes pour envisager une alternative et cesser de pousser devant bêtement.
Ils tenaient tellement à leur temps, tellement à leurs habitudes... Franchement, ils ont l'air bien cons, ces gens qui savent où ils vont...
Ecrit initialement le : 05 Novembre 2006
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